" Savoir aimer en des temps difficiles "                        1er Novembre 2016

 

La recherche de la connaissance de soi a certes pour objectif un Mieux-être qui nous est bénéfique mais elle permet aussi de participer à une " ambiance " plus favorable au partage voire au conflit, une démarche dont le livre sur La Thérapie Sociale vient nous parler.

 

Voici quelques extraits du livre écrit conjointement par Charles Rojzman et Nicole Rothenbühler

" Savoir aimer en des temps difficiles " paru en Août 2015 .  Editeur  Guy Tredaniel.

 

" Nous sommes tous des êtres blessés, même si nous ne sommes pas toujours conscients de ces blessures qui perturbent trop souvent notre vie relationnelle. De même nous ne sommes pas conscients de notre violence qui n'est autre que la stratégie de survie que nous avons appris à développer pour panser nos blessures mal cicatrisées.

Les maladies sociales représentent les différentes formes que prend notre violence lorsqu'elle s'exprime de manière collective : la dépression, l'absence de confiance en soi, la difficulté à vivre une vie épanouie et créative parce qu'on ne s'aime pas et qu'on se juge en permanence, jusqu'à la dépression,  larvée, chronique ou passagère...

Les relations sociales entre milieux différents sont empreintes de ces peurs qui se transforment si aisément en violences parfois effectives et brutales, parfois subtiles, s'exprimant au travers de regards et d'attitudes hostiles.

Si rien n'est fait à ce stade, dans un groupe comme dans la société, comme dans les familles, s'installeront des rapports de compétition ou de domination, entre les gens, des préjugés, des ignorances, des incompréhensions, des méfiances, des non-dits...un ensemble de sentiments qui se cristalliseront de plus en plus.

 

La puissance blessée.

On confond souvent le pouvoir et la puissance. Le pouvoir sur l'autre, la domination et la puissance...

La puissance, c'est ce qui permet mon action en adaptation avec la réalité. Je suis puissant quand je peux agir sur le monde, imposer ma marque, montrer que j'existe et le prouver par mes actions. Sans cette puissance, je ne suis que le jouet des autres, leur victime parfois. Ballotté par la vie, au gré des vents qui me poussent ici ou là, je ne suis qu'une plume dérisoire, et on oublie vite que j'existe. J'OUBLIE  que j'existe.

La puissance, c'est ce qui permet une action adaptée à la réalité. Cette action rend possible le changement, la possibilité d'agir sur les évènements, de sortir de situations difficiles, de créer du changement autour de soi, chez soi ou chez les autres, de créer un cadre pour changer.

Mais qu'est-ce qui fait qu'elle est absente ou si peu présente ?

Dans un groupe, cette blessure de la puissance s'exprime par un besoin frénétique de revanche, un manque d'empathie pour des gens qui ont du mal à parler, à communiquer, à se dévoiler. Face à eux et à leur fragilité, il y a un agacement, un rejet même. Le " blessé de la puissance " s'est fixé un objectif dont il ne veut à aucun prix se détourner. Personne ne doit se mettre en travers de son chemin. Ceux qui hésitent, les mous, les velléitaires, l'agacent, le gênent. Il ne composera pas avec eux. En réalité, c'est son propre sentiment d'impuissance qu'il ne veut pas voir et qu'il voit chez eux.

 

La violence.

Elle se propage en nous de manière toxique. Souvent nous ne la sentons pas arriver. Au début nous ressentons un peu d'inquiétude, un malaise, parfois de l'incompréhension ou de la surprise. Cet inconfort peut paraître anodin, mais il peut très vite se développer en peur, en panique. Celle-ci arrive sans crier gare et s'installe plus ou moins durablement. Nous ne sommes pas toujours violents ni avec la même intensité. Nous pouvons éléver la voix pour faire taire des paroles qui nous effraient; nous pouvons humilier l'autre qui nous fait toucher nos faiblesses pour le déstabiliser; nous pouvons abuser de l'autre pour le terroriser. Nous disposons de toute une panoplie de réactions pour faire face à nos peurs. En effet la violence, sous toutes ses formes, est le moyen destructeur que nous avons élaboré pour nous défendre.

Une parole nonchalante et peu rassurante en réponse à une question posée fait que nous ne nous sentons pas entendus ou accueillis dans nos besoins; un sarcasme dévalorisant nous enlève l'envie de partager; une attitude un peu froide nous fait perdre le fil de notre pensée; une autorité oppressante nous communique que nous ne sommes pas dignes  de confiance.... Ces évènements du quotidien  réveillent en nous des émotions que nous n'écoutons pas toujours à leur juste valeur. Nous n'avons pas appris à nous écouter, et encore moins à sentir quels effets ces relations entrainent dans nos comportements en retour. Les dialogues, les échanges se passent très vite et il n'est pas toujours aisé de sentir et de réagir aussi vite. C'est un réapprentissage à mener envers notre vie émotionnelle intérieure  - vie émotionnelle qui permet ensuite de comprendre ce qui se passe dans nos relations. "